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CONJURATION DE CATILINA

nous sommes enveloppés de toutes parts : Calilina avec son armée, est à nos portes : dans nos murailles, au cœur même de la ville (119), nous avons d’autres ennemis. Il n’est mesure ni délibération qui puissent être prises secrètement : raison de plus pour nous hâter. Voici donc mon avis : puisque par l’exécrable complot des plus grands scélérats, la république est tombée dans le plus grand péril ; que par le témoignage de T. Volturcius et des ambassadeurs allobroges, aussi bien que par leurs propres aveux, ils sont convaincus d’avoir comploté le massacre, l’incendie et d’autres attentats affreux, atroces, envers leurs concitoyens, j’opine pour que, d’après ces aveux et la preuve acquise contre eux d’un crime capital, ils soient, conformément aux institutions de nos ancêtres, livrés au dernier supplice ».

LIII. Après que Caton se fut assis, tous les consulaires, comme aussi la plupart des sénateurs, approuvent son avis, élèvent jusqu’au ciel la fermeté de son âme, et, s’adressant des reproches, s’accusent réciproquement de timidité. Caton est proclamé grand et illustre ; le décret du sénat est rédigé conformément à sa proposition (120).

Pour moi, dans tout ce que j’ai lu (121), dans tout ce que j’ai entendu, sur ce que le peuple romain a, au dedans comme au dehors, et par mer et sur terre, accompli d’exploits glorieux, je me suis complu à rechercher quel avait été le principal mobile de tant d’heureux succès. Je savais que souvent, avec une poignée d’hommes, Rome avait su résister aux nombreuses légions de l’ennemi ; j’avais reconnu qu’avec des ressources bornées elle avait soutenu des guerres contre des rois opulents ;