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CONJURATION DE CATILINA

César s’était proposé pour règle de conduite l’activité, la vigilance : tout entier aux intérêts de ses amis, il négligeait les siens, ne refusait rien de ce qui valait la peine d’être accordé ; pour lui-même, grand commandement, armée, guerre nouvelle, voilà ce qu’il ambitionnait ; c’était là que son mérite pouvait briller dans tout son éclat. Mais Caton, lui, faisait son étude de la modération, de la décence, et surtout de l’austérité : il ne le disputait ni d’opulence avec les riches, ni d’influence avec les meneurs de factions, mais bien de courage avec les plus fermes, de retenue avec les plus modérés, de désintéressement avec les plus intègres ; aimant mieux être homme de bien que de le paraître : aussi, moins il cherchait la gloire, plus il en obtenait.

LV. Lorsque le sénat, comme je l’ai dit, se fut rangé à l’avis de Caton, le consul, jugeant que le mieux à faire était de devancer la nuit qui était proche, de peur qu’il n’éclatât, durant cet intervalle, quelque nouvelle tentative, ordonne aux triumvirs (126) de tout préparer pour le supplice. Lui-même, ayant disposé des gardes, conduit Lentulus à la prison ; les autres y sont menés par les préteurs. Dans cette prison l’on trouve, en descendant un peu sur la gauche, à environ douze pieds de profondeur, un lieu appelé Tullianum. Il est partout entouré de murs épais, et couvert d’une voûte cintrée de grosses pierres (127). La saleté, les ténèbres, l’infection, en rendent l’aspect hideux et terrible. Dès que dans ce cachot Lentulus eut été descendu, les exécuteurs, d’après l’ordre qu’ils en avaient reçu, lui passèrent au cou le nœud fatal. C’est ainsi que ce patricien