des princes trop faciles et inappliqués est de se livrer avec une aveugle confiance à des favoris artificieux et corrompus. Le défaut de celui-ci était, au contraire, de se défier des puis honnêtes gens… Les bons lui paraissaient pires que les méchants, parce qu’il les croyait aussi méchants et plus trompeurs. » (Liv. III, passim.)
Il y a dans le texte labos. Servius nous apprend que Salluste n’écrivait jamais labor (in Æneidos, lib. I, v. 253).
Lactance cite ce passage dans son traite de Falsa sapientia pour établir l’inconséquence des idées des anciens sur la Divinité : car, dit-il, si la fortune gouverne toutes choses, quid ergo ceteris diis loci superest ? (Lib. III, page 340.)
Le roi Louis XII parlait à peu près de même des Français… Il s’accorde avec Salluste en ce qui regarde les Grecs, et pense différemment à l’égard des Romains. Tous deux ont raisonné juste relativement au temps où ils vivaient, lors duquel leurs nations n’avaient pas encore eu d’historiens comparables à ceux des Grecs. Ce prince avait coutume de dire « que les faits des Grecs étaient peu de chose par eux-mêmes, mais qu’ils les avaient rendus grands et glorieux par la sublimité de leur éloquence ; que les Français avaient fait quantité de belles actions, mais qu’ils n’avaient pas su les écrire ; que les Romains, parmi tous les peuples, étaient ceux qui avaient en même temps accompli beaucoup d’exploits glorieux, et su les écrire et les raconter dignement ; » (De Brosses.)
C’est ainsi que Tacite dit des Germains : Plus ibi mores valent quam alibi bonæ leges (c. XIX) ; et Justin, des Scythes : Justitia gentis ingeniis culta, non legibus (lib. II, c. II), et Virgile, des Latins :
Neve ignorate Latinos,
Saturni gentem, haud vinclo, nec legibus æquam,
Sponte sua, veterisque dei se more tenentem.