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SALLUSTE.

naturelle. » Cicéron nous apprend encore (in Pison., c. xxiv) que Silanus, au sortir de son consulat, alla commander en Illyrie.

Il semblerait, d’après le récit de Salluste, que Silanus aurait seul opiné à la mort contre les conjurés ; qu’ensuite il abandonna son avis pour embrasser celui de César, et que Caton osa seul reprendre et appuyer l’opinion de Silanus. Trompé sans doute par les bruits qu’on avait affecté de répandre, Brutus s’en était expliqué de même dans un écrit ; et Cicéron réfute cette assertion dans une de ses lettres à Atticus, (liv. XII, lett. xxi), où il rappelle que tous les consulaires, ainsi que Murena, l’autre consul désigné, opinèrent comme Silanus.

(103) … Tiberius Néron.

Tiberius Claudius Nero fut l’aïeul de l’empereur Tibère.

(104) … César… s’exprima à peu près en ces termes.

Nous ne sommes pas tout à fait de l’avis du président de Brosses, qui ne doute point que le discours de César, et celui de Caton, qui va suivre, n’aient été prononcés par eux dans les mêmes termes qui se trouvent rapportés ici. Plutarque, en effet, nous apprend que Cicéron avait fait venir ce jour-là des sténographes exercés, pour consigner sur-le-champ par écrit les harangues des différents orateurs ; mais, comme l’a fort bien fait observer d’Otteville, il faut que Salluste ait retranché au moins de la harangue de Caton certain passage dans lequel il reprenait grièvement Silanus de s’être rétracté, et inculpait César, qui, sous une apparence de popularité, et pour affecter la clémence et la douceur, compromettait la république et intimidait le sénat (Plutarque, Vie de Caton). Velleius nous apprend encore que Caton plaça dans son discours des éloges de Cicéron, que Salluste a également retranchés. Il est évident que notre historien a pris à tâche d’éloigner tout ce qui pouvait inculper trop directement César, et faire à Cicéron une trop belle part d’éloges. Remarquons enfin, avec M. Burnouf, qu’en se servant de ces mots hujuscemodi verba, pour le discours de César, hujuscemodi orationem pour celui de Caton, Salluste n’annonce pas leurs paroles mêmes, eadem omnia verba, mais seulement la substance de leurs harangues. Enfin, demande le savant humaniste, qui ne reconnaît dans ces deux discours le style sallustien ? Concluons-en que Salluste a sans doute rédigé ces deux harangues d’après les originaux qu’il avait sous les yeux, mais qu’il ne s’est pas fait scrupule d’en modifier le fond au gré de ses affections politiques, et d’en assortir la forme à sa manière.