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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/338

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l’indolence, la lâcheté, l’apathie, les dominent, qu’ils murmurent, qu’ils cabalent et qu’ils regardent la renommée d’autrui comme leur déshonneur personnel.

IX. Mais à quoi bon vous parler d’eux encore, comme d’êtres inconnus ? M. Bibulus (18) a fait éclater son courage et sa force d’âme durant son consulat : inhabile à s’énoncer, il a dans l’esprit plus de méchanceté que d’adresse. Qu’oserait celui pour qui la suprême autorité du consulat a été le comble de la dégradation ? Et L. Domitius (19) est-il un homme bien redoutable, lui qui n’a pas un membre qui ne soit un instrument d’infamie ou de crime : langue sans foi, mains sanglantes, pieds agiles à la fuite, plus déshonnêtes encore les parties de son corps qu’on ne peut honnêtement nommer ? Il en est un cependant, Caton (20), dont l’esprit fin, disert, adroit, ne me paraît pas à mépriser. Ce sont qualités que l’on acquiert à l’école des Grecs ; mais la vertu, la vigilance, l’amour du travail, ne se trouvent nulle part chez les Grecs. Et croira-t-on que des gens qui, par leur lâcheté, ont perdu chez eux leur liberté fournissent de bien bons préceptes pour conserver l’empire ? Tout le reste de cette faction se compose de nobles sans caractères, et qui, semblables à des statues, ne donnent à leur parti d’autre appui que leur nom. L Postumius (21) et M. Favonius me semblent des fardeaux superflus dans un grand navire : s’il arrive à bon port, on en tire quelque parti ; mais, au premier orage, c’est d’eux qu’on se défait d’abord, comme de ce qu’il y a de moins précieux. Maintenant que j’ai indiqué les moyens propres, selon moi, à régénérer et à réformer le peuple, je vais