Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/342

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aura été augmenté, et que les votes seront émis au scrutin secret, il faudra bien qu’ils laissent là leur orgueil, quand ils se verront contraints de fléchir devant ceux que naguère ils dominaient avec tant d’arrogance.

XII. Peut-être, général, après avoir lu cette lettre, demanderez-vous à quel nombre je voudrais porter les membres du sénat ; comment j’y répartirais les fonctions nombreuses et variées qui lui sont attribuées ; et, puisque je propose de confier l’administration de la justice à tous ceux de la première classe, quelle serait la limite des différentes juridictions, le nombre des magistrats pour chaque espèce.

Il ne m’eût pas été difficile d’entrer dans ces détails ; mais j’ai cru devoir d’abord m’occuper du plan général, et vous en montrer la convenance : si vous le prenez pour point de départ, le reste marchera de soi-même. Je veux sans doute que mes vues soient sages, utiles surtout ; car plus elles produiront d’heureux résultats, plus j’en recueillerai de gloire ; mais je désire bien plus fortement que, au plus tôt et par tous les moyens possibles, on vienne au secours de la chose publique. La liberté m’est plus chère que la gloire, et je vous prie, général, je vous conjure, par cette immortelle conquête des Gaules, de ne pas laisser le grand et invincible empire romain tomber de vétusté, s’anéantir par la fureur de nos discordes.

Ah ! sans doute, si ce malheur arrive, votre esprit ne trouvera plus, ni le jour ni la nuit, un seul instant de repos : tourmenté d’insomnie, furieux, hors de vous, on vous verra frappé d’un funeste égarement. Car je tiens pour vrai que l’œil de la