Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/348

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d’autres Romains comme eux désarmés, suppliants, indignement égorgés hors du champ de bataille et contre les lois de la guerre ? Peut-on oublier enfin tant de citoyens renfermés dans un édifice public (31), et, là, immolés comme un vil bétail ? Hélas ! ces massacres clandestins de citoyens, ces meurtres inopinés des pères et des fils dans les bras les uns des autres, cette dispersion des femmes et des enfants, cette destruction de familles entières, que tout cela, avant votre victoire, nous paraissait affreux et cruel ! Et voilà les excès auxquels ces hommes vous engagent ! A leur sens, la guerre a eu sans doute pour objet de décider si l’injustice se commettrait au nom de Pompée ou de César : l’État doit être envahi, et non reconstitué par vous ; et des soldats émérites, après les plus longs, les plus glorieux services, n’auront porté les armes contre leurs pères, leurs frères et leurs enfants (32), qu’afin que les hommes les plus dépravés trouvent dans les malheurs publics de quoi fournir à leur gloutonnerie et à leur insatiable lubricité, flétrissent votre victoire d’un tel opprobre, et souillent de leurs vices la gloire des braves.

Vous n’ignorez pas, je pense, quelle a été la conduite et la retenue de chacun d’eux, lors même que la victoire était incertaine ; comment, au milieu des travaux de la guerre, plusieurs se livraient à des orgies ou à des prostituées : chose impardonnable à leur âge, même pendant le loisir de la paix. Mais en voilà assez sur la guerre.

V. Quant à l’affermissement de la paix, qui est votre but et celui de tous les vôtres, commencez, je vous prie, par exa-