Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/347

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ont ensuite passé du côté de Pompée ; et ce fut là, pendant tout le temps de la guerre, l’asile sacré et inviolable où se réfugièrent tous les débiteurs.

III. Maintenant donc que la victoire vous rend l’arbitre de la guerre et de la paix, pour mettre fin à l’une en bon citoyen, et fonder l’autre sur une justice exacte et sur des bases durables, c’est en vous le premier, en vous qui devez concilier tant d’intérêts, que vous en trouverez les moyens les plus efficaces. Quant à moi, toute domination cruelle me semble plus terrible que durable : nul ne peut être à craindre pour beaucoup, que beaucoup ne soient à craindre pour lui. Sa vie me semble une guerre continuelle et incertaine, puisque, sans cesse attaqué de front, par derrière et sur les flancs, il n’est jamais exempt de danger ni d’inquiétude. A ceux, au contraire, dont la bonté et la clémence ont tempéré le pouvoir, tout est prospère et favorable, et dans leurs ennemis mêmes ils trouvent plus de bienveillance que d’autres chez des concitoyens.

Mais me reprocherait-on de vouloir, par de tels conseils, énerver votre victoire, et me montrer trop favorable aux vaincus, parce que je demande pour des concitoyens ce que, nos ancêtres et nous, nous avons souvent accordé à des peuples étrangers, nos ennemis naturels ; parce que je ne veux pas que chez nous, comme chez les Barbares, le meurtre soit expié par le meurtre, et le sang par le sang.

IV. A-t-on oublié les reproches qu’on faisait, peu de temps avant cette guerre, à Cn. Pompée et à sa victoire pour la cause de Sylla ? A t-on oublié Domitius (30), Carbon, Brutus, et tant