Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/352

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pour la tenir continuellement exercée au travail, à la patience, aux saines maximes et aux actions courageuses.

VIII. En effet, élever un palais ou une maison de plaisance, l’embellir de statues, de tapis et de mille autres chefs-d’œuvre ; faire que tout y soit plus digne des regards que soi-même, ce n’est pas s’honorer par ses richesses, c’est les déshonorer par soi. Quant à ceux qui, deux fois le jour (39), se gorgent de nourriture, qui ne savent reposer la nuit qu’entre les bras d’une concubine, dès qu’ils ont avili dans l’esclavage cette âme faite pour commander, vainement ensuite ils veulent, dans cet état d’incapacité et d’épuisement, trouver en elle les puissances d’une faculté exercée : leur nullité ruine presque tous leurs desseins, et les perd eux-mêmes. Mais ces maux et tous les autres disparaîtront dès que l’argent ne sera plus en honneur, dès que les magistratures et les autres objets de l’ambition des hommes cesseront de se vendre.

Il faut aussi pourvoir à la sûreté de l’Italie et à celle des provinces ; le moyen n’est pas difficile à trouver : car ce sont encore ces mêmes hommes qui portent partout la dévastation, abandonnant leurs demeures et s’emparant par violence de celles des autres. Empêchez aussi, ce qui a lieu encore, que le service militaire ne soit injustement ou inégalement réparti ; car les uns servent pendant trente ans, et les autres point du tout. Et que le blé, qui jusqu’à présent a été la récompense de la fainéantise, soit distribué dans nos colonies et dans nos villes municipales aux vétérans rentrés dans leurs foyers après avoir accompli leur temps de service.