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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/378

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de vertueux citoyens préféraient aux sollicitudes inséparables des honneurs, ne sont plus de saison. Il faut aujourd’hui, Romains, servir ou commander, subir ou imposer la crainte.

IV. Et qu’attendez-vous de plus ? que vous reste-t-il de droits divins ou humains qui n’aient été violés ? Naguère l’arbitre des nations, maintenant dépouillé de sa puissance, de sa gloire, de ses droits, sans ressources pour exister, et méprisé, le peuple romain ne reçoit pas même les aliments assurés aux esclaves. Une grande partie des alliés et des habitants du Latium avaient, pour prix de nombreux et honorables services, reçu de vous le droit de cité : un seul homme les leur enlève ; et des populations paisibles ont vu les demeures de leurs pères envahies par un petit nombre de satellites, ainsi payés de leurs crimes. Lois, jugements, trésor public, provinces, royaumes étrangers, tout est à la discrétion d’un seul, tout, jusqu’au droit dévie et de mort sur les citoyens. Vous avez vu les hommes immolés comme des victimes, et les tombeaux arrosés du sang des citoyens.

Y a-t-il, pour des hommes, d’autre parti que de s’affranchir de l’oppression pu de mourir avec courage ? Car enfin la nature a prescrit à tous, les hommes, à ceux même qu’environne un rempart de fer, un terme inévitable, et, s’il n’a un cœur de femme, nul n’attend le dernier coup sans oser se défendre.

V. Mais, à entendre Sylla, je suis un séditieux, parce que je m’élève contre ceux que nos troubles ont enrichis ; un homme qui veut la guerre, parce que je réclame les droits de la paix, Ah ! je comprends : il n’y aura ni bien-être ni sûreté dans l’état, si le Picentin Vettius et le greffier Cornelius ne dissipent en profusions les légitimes propriétés d’autrui ; si l’on n’approuve les proscriptions de tant d’innocents, sacrifiés pour leurs richesses, les supplices des personnages les plus illustres, Rome dépeuplée par l’exil et le meurtre, et les biens des citoyens