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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/389

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de notre ordre, vous abandonniez encore à Lepidus et vos épouses et vos enfants, qu’avez-vous besoin de décrets ? à quoi bon le secours de Catulus ? C’est bien en vain que lui et d’autres bons citoyens songeraient au salut de la république.

VIII. Faites à votre gré ; ménagez-vous le patronage de Cethegus, et l’appui de ces traîtres qui brûlent de recommencer les pillages, les incendies, et d’armer une secondefois leurs bras contre vos dieux pénates. Mais, si vous jugez préférables la liberté et la guerre, rendez des décrets conformes à votre dignité, et qui relèvent le couragede nos braves citoyens. Vous avez pour vous une armée nouvelle, les colonies de légionnaires vétérans, toute la noblesse ; d’excellents généraux. La fortune est toujours aux plus braves ; et bientôt ces forces, dont nos irrésolutions ont favorisé le rassemblement, seront facilement dissipées.

Voici donc mon avis : attendu que Lepidus, après avoir, de son autorité privée, levé une armée composée des plus mauvais citoyens et dés ennemis de la république, marche sur Rome, au mépris de l’autorité du sénat, l’interroi Appius Claudius, de concert avec Q. Catulus, proconsul, et tous les magistrats, qui ont un commandement, seront préposés à la garde de la ville, et veilleront à ce que la république ne reçoive aucun dommage.

Ce discours releva les esprits des sénateurs : la proposition de Philippe fut convertie en sénatus-consulte ; bien que chacun reconnût dans Catulus

l.

Un homme irréprochable d’ailleurs, et d’un esprit énergique.

li.

Et qu’il fût même assez versé dans l’art de la guerre,

on lui adjoignit Pompée dans le commandement. Tous deux allèrent camper sur le mont Janicule, et occupèrent le pont Milvius. Le chef des rebelles avait espéré qu’à son approche le peuple se soulèverait ; trompé dans son attente,