Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/449

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n’a de part et d’autre combattu que pour asservir. Ainsi, tous-les maux nés de là licence, de la haine, de l’avidité, n’ont produit qu’un embrasement passager ; il n’est resté que le but commun des deux factions, qu’on vous a enlevé pour l’avenir, la puissance tribunitienne, cette égide de la liberté conquise par vos ancêtres.

Je vous en avertis, je vous en conjure, songez-y sérieusement : n’allez pas, changeant le nom des choses au gré de votre lâcheté, nommer, tranquillité ce- qui est servitude. Si le crime l’emporte sur le droit, sur l’honneur, la tranquillité ne sera point votre partage : elle l’eût été si vous étiez toujours restés calmes. Maintenant faites-y bien attention ; et, si vous n’êtes vainqueurs, comme l’oppression trouve sa sûreté en se rendant plus pesante, ils vous’ tiendront encore plus serrés.

Que demandez-vous donc ? va m’objecter quelqu’un de vous. Qu’avant tout vous vous départiez de votre manière d’agir, hommes à la langue brave, au coeur lâche, et qui, une fois hors de l’enceinte de cette assemblée, ne pensez plus à la liberté ; "ensuite (et devrais-je avoir besoin de vous appeler à ces mâles efforts par lesquels, en attribuant aux tribuns du peuple les magistratures patriciennes, vos ancêtres ont dû affranchir les élections de l’influencé : exclusive.. des patriciens ? ) puisque toute puissance réside en vous, les commandements qu’aujourd’hui vous voulez bien subir dé la part des autres, vous pouvez assurément les exécuter ou les enfreindre à votre gré. Jupiteri ou quelque autre dieu, est-il donc le protecteur que vous attendez ? Cette grande autorité des consuls et des décrets du sénat, votre docilité lui sert de sanction, Romains ; et c’estùn plaisir qui, comme toute licence qu’on se permet contre vous, trouve en vous des auxiliaires commodes et empressés.

Je ne vous exhorte pas à venger vos injures, mais plutôt à chercher le repos : ce n’est pas non plus les discordes que j’appelle, ainsi qu’ils m’en