Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/472

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CDII.
Déjà fort indisposés contre lui, parce que, devant Cyzique, puis devant Amise, il leur avait fait passer deux hivers sous la tente.

Mithridate, qui s’était réfugié auprès de Tigrane, son gendre, éprouva, par le refus que fit celui-ci de l’accueillir, que les rois sont aussi les courtisans de la fortune. Lucullus, qui pressentait les dispositions peu généreuses du monarque arménien, lui envoya des émissaires secrets, et ce fut par suite d’une secrète

CDIII.
Convention que, lui ayant envoyé son lieutenant Publius

Clodius, le proconsul entra en négociation régulière avec lui. Ce ne fut pas sans raison que, pour traiter avec l’orgueilleux despote, Lucullus fit choix de ce jeune homme plein de hardiesse et d’esprit, d’ailleurs son très-proche parent ; car Clodius était frère de Clodia, épouse de Lucullus. Chemin faisant, voyant que plusieurs princes subjugués par Tigrane n’attendaient que le moment favorable pour secouer le joug, car toute l’Asie

CDIV.
Détestait ce monarque,
CDV.
Il affermit dans leurs dispositions les tétrarques et les rois effrayés

de la formidable puissance de ce monarque. Arrivé devant Tigrane, il lui tint le langage libre d’un Romain. Tigrane,

CDVI.
Ses prospérités allant au delà de ses vœux,

eut quelque peine à supporter ce langage ; cependant il se posséda assez pour répondre à Clodius, avec modération, que « bien que Mithridate fût un méchant homme, il n’en était pas moins son beau-père, et qu’il ne l’abandonnerait point. » En effet, après le départ de Clodius, il fit venir auprès de lui le roi de Pont. Lucullus résolut alors de porter la guerre en Arménie. Il ne prit avec lui que deux légions ; puis, voulant surprendre Tigrane par sa célérité,