Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/473

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CDVII.
Il traversa avec le plus de rapidité possible le royaume d’Ariobarzane pour gagner l’Euphrate, à l’endroit où ce fleuve sépare l’Arménie de la Cappadoce. Et, quoique à cet effet il eût, pendant l’hiver, fait fabriquer secrètement plusieurs pontons,

la fonte des neiges avait tellement enflé les eaux du fleuve, que le passage était impossible ; mais, le soir môme, les eaux commencèrent à baisser, et Lucullus put, dès le lendemain, arriver à l’autre rive ; l’on ne manqua pas d’attribuer à la protection des dieux cet effet naturel. Après avoir traversé la Sophène et franchi le mont Taurus, il entra dans la Gordyène, sans rien exiger des Barbares, que des contributions en argent. Ceux-ci, redoutant également les Arméniens et les Romains, s’abstinrent de prendre parti dans cette guerre ; les tribus de la Gordyène furent, dit-on,

CDVIII.
Les seules à s’empresser

d’entrer dans l’alliance du proconsul, et de lui fournir ouvertement tous les secours. Enfin Lucullus franchit le Tigre non loin de sa source, et se trouva sur les frontières de l’Arménie. Il avait ainsi passé les deux plus grands fleuves de l’Orient. Après avoir consulté les auteurs, j’ai trouvé que

CDIX.
Le Tigre et l’Euphrate sortent d’une même source en Arménie ; plus loin ils se séparent et prennent une direction différente, en laissant entre eux un intervalle d’un grand nombre de milles : le territoire qu’ils environnent ainsi de leur cours s’appelle Mésopotamie.

Tigrane n’était rien moins qu’instruit de l’approche des Romains ; et, lorsqu’un premier courrier vint lui en donner avis, ce roi,

CDX.
Dont l’oreille, était peu faite à la vérité,

lui fit trancher la tête comme à un imposteur. Il fallut bien enfin se rendre à l’évidence : un premier avantage, remporte