Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/506

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INVECTIVE CONTRE SALLUSTE

ATTRIBUÉE À CICÉRON.

I. C’est donc une grande volupté pour toi, Salluste, de mener une vie conforme à ton langage, et de ne débiter aucune infamie à laquelle ta manière de vivre n’ait, dès tes plus jeunes ans, répondu par toute espèce de crimes, en sorte que l’on peut affirmer que ton discours est le miroir fidèle de tes mœurs ! Quiconque vit comme toi ne pourrait pas s’exprimer autrement ; et quiconque se sert de termes aussi gossiers ne saurait avoir une conduite très-exemplaire. Combien ma position est pénible, pères conscrits ! par où commencer ? J’ai à parcourir une carrière d’autant plus difficile, que chacun de nous deux est mieux connu. Si, pour réfuter d’atroces calomnies, je vous entretiens de ma vie et de mes actions, je vois d’ici l’envie toute prête à m’en ravir la gloire ; et, si, mettant au grand jour la conduite et les mœurs de mon antagoniste, je vous dévoile sa turpitude, je tremble de tomber dans le vice odieux dont je lui fais un crime. Toutefois, si, par hasard, il m’arrivait de dire la moindre chose qui pût vous blesser, que votre animadversion ne tombe point sur moi ; je ne suis point le provocateur. Je ferai, n’en doutez point, tous unes efforts pour ne dire que la vérité en parlant de Salluste, et pour n’être pas fastidieux en