Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/507

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parlant de moi. Je n’ignore pas que vous êtes peu disposés à m’écouter, car je ne dois vous révéler aucun forfait de Salluste qui vous soit inconnu, et je viens retracer des accusations dont vos oreilles, les miennes et les siennes ont été trop souvent rebattues.

Et d’abord, quelle horreur ne doit pas vous inspirer un homme qui, pour son coup d’essai, n’a pas commencé par de légères fautes, mais qui a débuté de manière à ne pouvoir se surpasser lui-même et à n’être surpassé par personne dans tout le reste de sa carrière ! Semblable aux animaux immondes, il cherche constamment à entraîner quelqu’un avec lui dans la fange. Mais, qu’il ne se fasse pas illusion, les souillures de sa vie ne sont point effacées par l’impudence de sa langue ; car il existe un genre de calomnie qu’un sentiment secret nous porte à faire retomber sur son auteur, quand elle est dirigée contre des gens de bien. Cependant, si sa vie passée était ensevelie dans l’oubli, vous ne pourriez vous dispenser de le juger, non sur ses paroles, mais sur ses actions : je serai court en vous les rappelant. Au reste, cette querelle ne vous sera point inutile ; le plus souvent la république prend une nouvelle force de ces inimitiés particulières où chaque citoyen est forcé de se montrer tel qu’il est.

II. Et d’abord, puisque Salluste va chercher ses exemples et ses modèles parmi nos ancêtres, je voudrais bien qu’il nous dît si ceux qu’il nous désigne, les Scipion, les Metellus et les Fabius, étaient déjà célèbres et couverts de gloire avant que de hauts faits et une vie sans reproche les eussent signalés à la