Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/514

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Ses déprédations furent telles, que l’on aurait pu croire qu’il n’avait accepté cette magistrature que comme un butin fait sur nos ennemis. Sa questure achevée, il donna les gages les moins équivoques à ceux avec lesquels une parfaite conformité de mœurs l’avait uni : dès lors on ne douta plus qu’il ne fît partie de leur infâme bande. Au surplus, il était bien digne de figurer au milieu de ce repaire, où s’était précipité par torrents tout ce qu’il y avait de débauchés, de bateleurs, de parricides, de sacrilèges, de banqueroutiers dans Rome, dans les villes municipales, dans les colonies, dans toute l’Italie ; gens perdus et sans crédit, qui, dans les camps, n’étaient propres à rien, si ce n’est à y introduire une extrême licence et la rage des innovations.

VII. Mais, quand il eut été nommé préteur, il se conduisit sans doute avec intégrité, avec modération ? Pont du tout : lorsqu’il eut obtenu le gouvernement de l’Afrique intérieure, ne l’a-t-il pas tellement dévastée, que nos alliés, s’ils eussent été en guerre avec nous, n’auraient rien eu de pire à supporter que ce qu’ils éprouvèrent au sein de la paix ? Il soutira de ce pays tout l’argent qu’il put emporter, soit en se servant de noms empruntés, soit en remplissant ses vaisseaux(4). Enfin, pères conscrits, il pilla autant qu’il voulut, et, pour ne pas être mis en jugement, il composa avec César et lui donna douze cent mille sesterces. Si ce que j’avance est faux, hâte-toi de nous dire comment, toi qui ne pus pas racheter la maison de ton père, devenu tout à coup et par enchantement le plus for-