Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
SALLUSTE.

pendant son consulat, après le meurtre de C. Gracchus et de M. Fluvius Flaccus, cruellement abusé de cette victoire de la noblesse sur le peuple. Bien qu’à Rome Jugurtha se fût déjà assuré de l’amitié d’Opimius, il n’oublia rien pour le recevoir avec la plus haute distinction, et à force de dons, de promesses, il l’amena au point de sacrifier sa réputation, son devoir, en un mot toutes ses convenances personnelles, aux intérêts d’un prince étranger. Les autres députés, attaqués par les mêmes séductions, se laissent presque tous gagner. Peu d’entre eux préférèrent le devoir à l’argent. Dans le partage de la Numidie entre les deux princes, les provinces les plus fertiles et les plus peuplées, dans le voisinage de la Mauritanie, furent adjugées à Jugurtha ; celles qui, par la quantité des ports et des beaux édifices, avaient plus d’apparence que de ressources réelles, échurent à Adherbal.

XVII. Mon sujet semble exiger que je dise quelques mots sur la position de l’Afrique et sur les nations avec lesquelles nous avons eu des guerres ou des alliances. Quant aux pays et aux peuples que leur climat brûlant, leurs montagnes et leurs déserts rendent moins accessibles, il me serait difficile d’en donner des notions certaines. Pour le reste, j’en parlerai très brièvement.

Dans la division du globe terrestre, la plupart des auteurs regardent l’Afrique comme la troisième partie du monde, quelques-uns n’en comptent que deux, l’Asie et l’Europe, et comprennent l’Afrique dans la dernière. Elle a pour bornes, à l’occident, le détroit qui joint notre mer à l’Océan ; à l’orient, un vaste plateau incliné, que les habitants nomment Catabathmon.