Page:Œuvres complettes de M. de Marivaux, tome 12, 1781.djvu/26

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me trouvez dans mille moments un homme bien incommode ? je pense que vous ne m’aimerez guères, quand vous serez débarrassé de moi.

THÉODOSE.

Pourquoi me dites-vous cela ? vous vous trompez.

THÉOPHILE.

Combien de fois me suis-je apperçu que je vous fatiguois, que je vous étois désagréable !

THÉODOSE.

Ah ! désagréable, c’est trop dire ; vous m’avez quelquefois fait faire des choses qui n’étoient pas de mon goût : mais votre intention étoit bonne, & je ne suis pas assez injuste pour en être fâché contre vous.

THÉOPHILE.

C’est-à-dire que mes soins & mes attentions ne m’ont point encore brouillé avec vous ; que vous me pardonnez tout le zele & même toute la tendresse avec laquelle j’ai travaillé à votre éducation : voilà précisément ce que vous voulez bien oublier en ma faveur.

THÉODOSE.

Ce n’est point-là ma pensée, & vous me faites une vraie chicane : je viens d’avouer que vous m’avez quelquefois chagriné ; mais que je compte cela pour rien, que je n’y songe plus, que je