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Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/230

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des nains velus qui portaient au poing des gerfauts mutilés et des colombes difformes. Et le peuple, lâché ce jour-là dans le palais, fourmillait au loin.

Sur une muraille les peintres avaient représenté des singes ivres qui festoyaient parmi des vignes saccagées ; sur une autre, en des fresques monstrueuses, foisonnaient des hydres et des crapauds, et des reptiles sans nom. Partout, sur les bas-reliefs et sur les plinthes et sur les tympans des grandes portes, c’étaient des orgies d’avortons et d’infirmes, des accouplements de bossus, des danses hideuses de femmes enceintes. Et rien en tout cela n’avait l’horreur tragique d’un enfer en folie ; tout était d’une laideur médiocre, d’une froide et grise obscénité.

Le duc Tarquin contempla longuement, et le cortège derrière lui répétait des louanges. Un long murmure d’assentiment traînait parmi la foule dans les galeries, les salles et les escaliers. De temps à autre, le duc s’arrêtait devant quelque œuvre, et, ravi en extase, il demandait le nom de l’artiste. Alors les hérauts appelaient à voix haute l’élu ; et le grand argentier, puisant en des corbeilles pleines, lui