Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/128

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Privé de ses rayons, le soleil élargi
Semble un disque de fer dans la forge rougi,
Et lugubres signaux d’une crise prochaine,
Des bruits mystérieux résonnent dans la plaine.
Soudain le chamelier, enfant de ce désert,
A montré le midi de tourbillons couvert ;
« Voyez-vous, a-t-il dit, cette arène mouvante ?
Le Simoun ! le Simoun !… » Ce long cri d’épouvante
Glace les bataillons dans la plaine arrêtés,
Et l’Arabe s’enfuit à pas précipités.
Il n’est plus temps ; déjà le vent de flamme arrive ;
Il pousse en mugissant son haleine massive,
Étend sur les soldats son immense rideau,
Et creuse sous leurs pieds un mobile tombeau ;
La trombe gigantesque, en traversant l’espace,
Du sol inhabité laboure la surface,
Et son aile puissante au vol inattendu
Promène dans le ciel le désert suspendu.