Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/195

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Dans la plaine il étend ses immenses réseaux,
Et semble marquer l’heure où dans les vastes eaux
Tombera, sans retour, l’armée asiatique.
Tel, sur le haut sommet de sa tour prophétique,
L’homme inspiré qui suit dans la voûte sans fin
Les astres échappés au doigt du séraphin,
Annonce l’heure fixe où, sans heurter les mondes,
Tombent sur notre ciel ces sphères vagabondes,
Et la nuit où, bornant leurs cercles révolus,
Elles percent l’abîme où l’œil ne les suit plus.
Un cri part d’Aboukir ; la redoute qui tonne
A troublé de la mer le repos monotone ;
Aux deux angles du camp par Mourad défendus,
Résonnent les canons que l’Anglais a vendus ;
Et, debout sur le cap, la tour chère au Prophète
D’un turban de fumée environne sa tête.
À ce signal, pareils en nombre à ces oiseaux
Qui dans un jour d’orage obscurcissent les eaux,