Porte au désert natal cette informe dépouille,
Et l’on dit, de nos jours, que le corps du démon
Repose enseveli sous les sables d’Ammon.
A travers la poussière et les flots de fumée,
Les Osmanlis du camp ont vu fuir une armée ;
Ils ne soupçonnent pas que leurs lâches amis
Regagnent les déserts qui les avaient vomis ;
A leurs yeux fascinés les chrétiens sont en fuite ;
Le bouillant Mustapha s’élance à leur poursuite ;
Mourad lui crie en vain : « Quelle erreur te séduit ?
Kébir est devant nous ; c’est El-Mohdi qui fuit ! »
Guidés par leur pacha que son orgueil entraîne,
Janissaires, spahis, se jettent dans la plaine ;
Tous gorgés d’opium, enivrés de leurs cris,
De leur camp protecteur ont quitté les abris ;
Tous, altérés de sang et d’horribles conquêtes,
Pour les tours du Sérail vont moissonner des têtes.
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