Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/334

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mes confrères en leur donnant quelques notions préparatoires sur le lieu de notre détention, dernier résultat de toutes nos procédures.

Sainte-Pélagie, qui n’était autrefois pour la littérature qu’une résidence d’exception, semble être devenue aujourd’hui son domicile de droit. Le plus pur de nos écrivains politiques ou poétiques ne peut se dire à l’abri d’une condamnation imprévue, et la justice distributive des écrous pèse également sur tous les partis. Il n’est pas impossible de trouver un jour dans une même chambrée MM. Benjamin Constant et l’archevêque de Malines à côté de MM. de Madrolle et Cottu, et je ne serais pas surpris que demain, dans le sombre corridor Saint-Louis, M. de Genoude vînt se briser contre les formes athlétiques de M. Châtelain.

On sent donc la nécessité pour les hommes de lettres, d’un fil pour les guider dans ce labyrinthe, d’un guide sûr, d’un manuel de choses et de lieux pour leur éviter les premiers embarras de leurs nouvelles habitudes. J’ose croire que cette épître, suivie de notes historiques et topographiques, leur sera de quelque secours ; et, si j’arrive à ce but, j’aurai sujet de ne pas déplorer ma détention.

On voudra bien me pardonner de me mettre si souvent en scène : dans des détails presque tous individuels, le premier pronom personnel est indispensable.