Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/47

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Les Mores demi-nus, ouvrant les arsenaux,
Poussent les vieux canons sur le bord des créneaux ;
Le Maugrebin hideux, le Bédouin indocile,
Pour la première fois soldats dans une ville,
Des remparts menacés noircissent le contour ;
Et le fier Koraïm paraît sur une tour.
Koraïm ! des chérifs que la cité révère
Nul n’exerça jamais un pouvoir plus sévère ;
Ce riche Musulman, tel qu’un prince absolu,
Marche presque l’égal des beys qui l’ont élu :
Ses caïques légers, sous la voile latine,
Portent l’ambre et le musc d’Égypte en Palestine ;
Ses étalons guerriers, ses immenses troupeaux,
Du sinueux Delta foulent les verts roseaux,
Et trente eunuques noirs, sous la grille farouche,
Gardent dans ses harems les trésors de sa couche.
Hélas ! un bruit sinistre, au lever du soleil,
De l’heureux Koraïm a pressé le réveil,