Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/67

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Les Mamelucks épars accourent demi-nus ;
Ils répondent de loin, et dans la solitude
On entend leurs coursiers hennir d’inquiétude ;
Mourad, sur l’étalon que lui-même a sellé,
Donne un dernier regard au doux sérail d’Hellé ;
Et comme un léopard forcé dans son repaire,
Il bondit en hurlant sur la route du Kaire.
Cette nuit même encore, au Désert échappé,
Sur les rives du Nil Bonaparte a campé.
Un écho prolongé qui sur le fleuve roule,
Son lugubre, pareil à la voix de la houle,
Pareil au timbre sourd qui dans l’air va mourir,
Porte aux soldats français le canon d’Aboukir…
Leur ame abandonnée à d’horribles présages
Imprime la terreur sur leurs pâles visages ;
Et tous silencieux, tournés vers l’occident,