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Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/68

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Montrent le ciel rougeâtre et l’horizon ardent.
Aux premières lueurs de l’aube, sur la rive,
Epuisé de sa course, un messager arrive ;
La sueur et le sable ont souillé ses cheveux ;
Aux humides lambeaux de ses vêtements bleus
Pendent les ancres d’or par les flammes noircies ;
Aux légions du camp autour de lui grossies,
Il s’adresse ; sa bouche exhale un faible son ;
On n’entend que ces mots : Brueys, Aboukir, Nelson !
L’effroyable récit dans sa rauque poitrine
Expire, mais l’armée en tremblant le devine :
Bientôt elle apprendra qu’en cette nuit de deuil
La France peut trouver même un sujet d’orgueil ;
On dit que ses marins, d’une voix étouffée,
Saluaient leur cocarde aux chapeaux agrafée,
Et près de s’engloutir dans les brûlantes eaux,
Clouaient les trois couleurs aux mâts de leurs vaisseaux.