Page:Œuvres de Blaise Pascal, I.djvu/30

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La mort de leur père devait ouvrir dans la vie de Blaise et de Jacqueline Pascal une période d’un caractère nouveau. Pendant les trois années qui suivent, l’unité spirituelle dans laquelle ils avaient jusque-là vécu, dans laquelle ils devaient vivre plus tard, est rompue. Jacqueline est toute à Port-Royal, à la hâte de réaliser ce qui avait été son désir unique depuis quatre ans, avec la douleur de trouver un obstacle dans son frère et de sentir cette résistance liée à l’intérêt d’argent. Pascal est tout au monde ; il envoie à Christine de Suède sa machine arithmétique ; au Petit-Luxembourg, chez la duchesse d’Aiguillon, qui prenait au mouvement de la Fronde une part importante, il expose des expériences d’hydrostatique. Quelques mois plus tard, après la cérémonie de vêture de sa sœur, il accompagne le duc de Roannez dans son gouvernement du Poitou, il est initié par le chevalier de Méré au code nouveau de l’honnêteté parfaite. Il ne revient du Poitou qu’après un séjour prolongé auprès de M. et de Mme Perier ; en mai 1653 il est de retour à Paris, il lève d’assez mauvaise grâce les dernières difficultés que de Clermont ils avaient tous trois opposées à la profession de Jacqueline.

C’est le moment critique de sa vie ; Jacqueline est désormais sœur Sainte-Euphémie. Gilberte Perier est dangereusement malade. Il fréquente plus étroitement la société brillante et dissipée qui est autour du duc de Roannez : Méré, Miton, des Barreaux. À ce moment il écrit peut-être ce Discours sur les passions de l’Amour que Victor Cousin a retrouvé au milieu d’écrits théologiques ; il remanie ses travaux sur le Vide pour les assouplir à la forme impersonnelle et concise qui est dans le goût de l’honnête homme, il en tire les deux traités que Perier fera paraître en 1663 ; il reprend aussi ses anciens