le vulgaire, est une monstruosité pour le philosophe. La conception philosophique ou, comme on a pris l’habitude de dire pour préciser davantage, la conception sociologique de l’histoire, ramène la production scientifique à ses conditions naturelles et humaines. Loin de diminuer l’œuvre individuelle, elle la grandit de toute la perspective de passé, de tout le prolongement d’avenir qu’elle sait y rattacher. En tout cas, pour aborder un débat particulier qui a soulevé tant de passions et suscité tant d’erreurs (et il importait d’en prévenir le lecteur qui veut être renseigné dès maintenant sur l’esprit de notre édition), cette conception philosophique ou sociologique sera la seule qui permettra d’éviter l’étroitesse et la partialité, de comprendre à la fois l’impression de Pascal sur Descartes et l’impression de Descartes sur Pascal, comme l’astronome comprend à la fois l’apparence du mouvement solaire vu de la terre et l’apparence du mouvement terrestre vu du soleil, la seule enfin qui donne l’espérance d’échapper au bruit assourdissant de « l’éloquence judiciaire » et d’atteindre dans le maniement des textes le désintéressement et la pénétration nécessaires à l’intelligence de la vérité historique.
À cet égard, les deux articles publiés par M. Adam dans la Revue philosophique sous ce titre : Pascal et Descartes. Les expériences du vide, 1646-1651 (déc. 1887, p. 612-624, et janv. 1888, p. 65-90), sont irréprochables ; comme MM. Milhaud et Strowski l’ont solidement établi, ils donnent en gros la solution de la controverse. M. Adam a eu le mérite de ne pas exagérer l’importance du malentendu qui avait un moment excité l’aigreur de Descartes, et dont nous ne savons même pas (on l’oublie trop souvent) dans quels termes Pascal a pu être informé. Très judicieusement, M. Adam en a fait comme