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SECONDE LETTRE DU P. NOËL A PASCAL 109

croyois dire une chose évidente et convainquante d'elle mesme en matière de vuide apparent ouveritable, que je presuposois comme évident, n'estre ny esprit, ny accident d'aucun corps, d'où il se desduit nécessairement qu'il est corps; je voy maintenant la desfectuosité de mon discours : le vuide n'est ny corps matériel, ny accident du corps matériel, mais un espace qui a longueur, largeur et profondeur, immobile et capable de recevoir et de conte- nir un corps. Mais si je nie qu'il y ayt aucun espace réel et capable de soustenir la lumière, de la transmettre et d'aporter du retardement au mouvement local d'un corps, qui ne soit corps matériel, je ne veoypas comment on me puisse convaincre du contraire : ma négative est appuyée sur ce que l'astronomie ne se sert point de cet espace pour expliquer les parties et mouvements de ce grand monde, ny la médecine pour l'intelligence des parties, mouvements et maladies du petit monde, ny l'art pour ses ouvrages, ni la nature pour ses opérations naturelles ; et suivant la maxime que la Nature ne fait rien en vain^, il faut^ ou rejeter ce vuide, ou s'il est dans le monde, advoiier que ces grands espaces qui sont entre nous et les cieux ne sont pas corps matériels, et que le vuide véritable peut suffire à tout cela. Nous disons qu'il y a de l'eau, parce que nous la voyons et la tou- chons ; nous disons qu'il y a de l'air dans un balon enflé, par ce que nous sentons sa résistance ; qu'il y a du feu parce que nous sentons sa chaleur. Mais ce vuide vérita- ble ne touche aucun des sens : et pour dire qu'on le sent dans un tube où le vif argent ne paioist point, j*en attents

��I. Maxime aristotélicienne dont le Utp\ oùpavou en particulier contient cette formule remarquable : ô ôè 6c6; zal î) oyatç oùBîv ux-riv jio'.oyatv, I, 4 — 371 a 33.

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