Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE DE PASCAL A MONSIEUR PERIER 15»

sion du vif-argent dans Texperience ordinaire, mais bien la pesanteur et pression de Tair, qui contreba- lance la pesanteur du vif-argent. Mais parce que tous les eflects de cette dernière expérience des deux tuyaux, qui s'expliquent si naturellement par la seule pression et pesanteur de l'air, peuvent encores estre expliquez assez probablement par . horreur du Yuide\ je me tiens dans cette ancienne maxime, résolu neantmoins de chercher l'éclaircissement en- tier de cette difficulté par une expérience décisive. J'en ay imaginé une qui pourra seule suffire pour nous donner la lumière que nous cherchons, si elle peut estre exécutée avec justesse. C'est de faire l'expérience ordinaire du Vuide plusieurs fois en

��I . Il est évident que si l'hypothèse de l'horreur limitée du vide suffit à rendre compte de l'expérience ordinaire de Torricelli, elle expliquera aussi bien l'expérience nouvelle de Pascal. Dans les trois cas dont parle Pascal, l'horreur du vide se manifeste toujours avec la même limitation. Dans le premier cas, en effet, elle ne s'exerce que sur le tuyau intérieur; dans le second cas elle ne s'y exerce plus, mais c'est qu'elle a déjà atteint son maximum, épuisé sa capacité, en élevant à la hauteur ordinaire le mercure du gros tube : passé cette hauteur, la nature a cédé, le vide règne en maître. Maintenant, faites rentrer quelques bulles d'air dans le gros tube, vous diminuez d'au- tant l'effort que l'horreur du vide avait à dépenser dans la partie in- férieure de l'appareil, vous permettez à la force de changer son point d'application, et, dans la mesure où elle est libérée, de s'exercer sur le tuyau intérieur. En d'autres termes, les mêmes variations conco- mitantes qui, dans l'hypothèse de la pression atmosphérique, s'expli- quent « si naturellement » par l'action de la pesanteur de l'air, s'ex- pliquent encore « assez probablement », dans l'hypothèse de l'horreur limitée du vide, par l'action de présence de l'air. Lorsque e P. Mer- senne reprendra, en juin i6/i8, l'expérience de Pascal, il y verra sim- plement une preuve assez claire en faveur de l'explication par la pres- sion atmosphérique (Vide infra, p. 3o6).

�� �