Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/176

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mesme jour, dans un mesme tuyau, avec le mesme vif-argent, tantost au bas et tantost au sommet d'une montagne, eslevée pour le moins de cinq ou six cens toises, pour esprouver si la hauteur du vif- argent suspendu dans le tuyau, se trouvera pareille 01 différente dans ces deux scituations. Vous voyez desja sans doute, que cette expérience est décisive de la question, et que, s'il arrive que la hauteur du vif-argent soit moindre au haut qu'au bas de la montagne (comme j'ay beaucoup de raisons pour le croire, quoyque tous ceux qui ont médité sur cette matière soient contraires à ce sentiment)\ il s'ensui- vra nécessairement que la pesanteur et pression de lair est la seule cause de cette suspension du vif- argent, et non pas l'horreur du Vuide, puisqu'il est bien certain qu'il y a beaucoup plus d'air qui pesé sur le pied de la montagne, que non pas sur son sommet ; au lieu qu'on ne sçauroit pas dire que la Nature abhorre le Vuide au pied de la montagneplus que sur son sommet.

Mais comme la difficulté se trouve d'ordinaire jointe aux grandes choses", j'en vois beaucoup dans l'exécution de ce dessein, puis qu'il faut pour cela choisir une montagne excessivement haute, proche

��1. Allusion au P. Mersenne et à Roberval (vide supra, p. i52).

2. La Relation de l'expérience sera publiée comme Récit de la grande expérience de l'Equilibre des Liqueurs {infra, p. 363). Pascal mani- feste sans aucune réserve le sentiment qu'il a de la portée de son œuvre, La Grande Expérience physique fera pendant à la « grande proposition » géométrique que Desargues appelait la Pascale (Cf. Œuvres, Paris, i864, t. II, p. 887, et supra, t. I, p. 2I18).

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