Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/199

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une pensée contraire aux termes de ma lettre et de mon imprimé, et entièrement opposée au fondement de toutes mes maximes. C’est qu’il se figure que j’ay asseuré, en termes décisifs, l’existence réelle de l’espace vuide : et sur cette imagination, qu’il prend pour une vérité constante, il exerce sa plume pour montrer la foiblesse de cette assertion.

Cependant il a pu voir que j’ay mis dans mon imprimé, que ma conclusion est simplement que mon sentiment sera « que cet espace est vuide, jusqu’à ce que l’on m’ait montré qu’une matière le remplit » ; ce qui n’est pas une assertion réelle du vuide, et il a pu voir aussy que j’ay mis dans ma lettre ces mots qui me semblent assez clairs : « Enfin, mon R. P., considérez, je vous prie, que tous les hommes ensemble ne sauroient desmontrer qu’aucun corps succède à celuy qui quitte l’espace vuide en apparence, et qu’il n’est pas possible encore à tous les hommes de montrer que, quand l’eau y remonte, quelque corps en soit sorty. Cela ne suffîroit il pas, suivant vos maximes, pour assurer que cet espace est vuide ? Cependant je dis simplement que mon sentiment est qu’il est vuide. Jugez si ceux qui parlent avec tant de retenue d’une chose où ils ont droit de parler avec tant d’assurance, pourront faire un jugement décisif de l’existence de cette matière ignée, si douteuse et si peu establie. »

Aussy, je n’aurois jamais imaginé ce qui luy avoit fait naistre cette pensée, s’il ne m’en avertissoit luy mesme dans la première page, où il rapporte fidelle-