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Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/200

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ment la distinction que j’ay donnée de l’espace vuide dans ma lettre, qui est telle : « Ce que nous appelons espace vuide, est un espace ayant longueur, largeur et profondeur, et immobille, et capable de recevoir et de contenir un corps de pareille longueur et figure ; et c’est ce qu’on appelle solide en géométrie, 011 l’on ne considère que les choses abstraites et immatérielles. » Aprez avoir rapporté mot à mot cette définition, il en tire immédiatement cette conséquence : « Voilà, monsieur, votre pensée de l’espace vuide fort bien expliquée ; je veux croire que tout cela vous est évident, et en avez l’esprit convaincu et pleinement satisfait, puisque vous l’affirmez. »

S’il n’avoit pas rapporté mes propres termes, j’aurois creu qu’il ne les avoit pas bien lus, ou qu’ils avoient esté mal escrits, et qu’au lieu du premier mot, j’appelle, il auroit trouvé celuy-cy, j’asseure ; mais, puisqu’il a rapporté ma période entière, il ne me reste qu’à penser qu’il conceoit une conséquence nécessaire de l’un de ces termes à l’autre, et qu’il ne met point de différence entre définir une chose et asseurer son existence.

C’est pour quoy il a creu que j’ay asseuré l’existence réelle du vuide, parles termes mesmes dont je l’ay défini. Je sçay que ceux qui ne sont pas accoutumez de voir les choses traitées dans le véritable ordre, se figurent qu’on ne peut définir une chose sans estre asseuré de son estre ; mais ils devroient remarquer que l’on doit tousjours définir les choses, avant que de chercher si elles sont possibles ou non.