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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

en sorte que sa hauteur soit la quatorziéme partie de la hauteur de l’eau au dessus du bout recourbé ; de sorte que si depuis le haut de l’eau jusques au bout recourbé, il y a quatorze pieds, le vif argent tombera jusques à ce qu’il soit arrivé à un pied seulement plus haut que le bout recourbé, à laquelle hauteur il demeurera suspendu ; car le poids du vif-argent qui pese au dedans, sera en Equilibre avec le poids de l’eau qui pese au dehors du tuyau, à cause que ces Liqueurs ont leurs hauteurs[1] proportionnées à leurs poids, et que leurs largeurs sont indifferentes dans l’Equilibre ; et il est aussi indifferent par la mesme raison, que le bout recourbé soit large ou non, et qu’ainsi peu ou beaucoup d’eau y pese.

Aussi, si on enfonce le tuyau plus avant, le vif argent remonte, car le poids de l’eau est plus grand ; et si on le hausse au contraire, le vif argent baisse, car son poids surpasse l’autre ; et si on panche le tuyau, le vif argent remonte jusques à ce qu’il soit revenu à la hauteur necessaire, qui avoit esté diminuée en le panchant ; car un tuyau panché n’a pas tant de hauteur que debout.

Figure X. — La même chose arrive en un tuyau simple, c’est à dire qui n’est point recourbé ; car ce tuyau ouvert par en haut et par en bas, estant plein de vif argent, et enfoncé dans une riviere, pourveu que le bout d’en haut sorte hors de l’eau, si le bout d’en bas est à quatorze pieds avant dans l’eau, le vif

  1. Bossut imprime : réciproquement proportionnelles.