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ŒUVRES

force qu’elle a dans toutes ces impressions, on verra bien aisément lequel de tous ces efforts doit prevaloir.

Car il paroist d’abord que comme elle a une pareille hauteur sur toutes les faces des costez, elle les poussera également ; et partant ce corps ne recevra aucune impression vers aucun costé, non plus qu’une giroüette entre deux vents égaux[1]. Mais comme l’eau a plus de hauteur sur la face d’en bas que sur celle d’en haut, il est visible qu’elle le poussera plus en haut qu’en bas, et comme la difference de ces hauteurs de l’eau est la hauteur du corps mesme, il est aisé d’entendre que l’eau le pousse plus en haut qu’en bas, avec une force égale au poids d’un volume d’eau pareil à ce corps.

Un corps dans l’eau est contrepesé par un volume d’eau pareil, de là vient que quelques corps y tombent.

De sorte qu’un corps qui est dans l’eau y est porté de la mesme sorte, que s’il estoit dans un bassin de balance, dont l’autre fût chargé d’un volume égal au sien.

De là vient que quelques corps y tombent.

D’où il paroist que s’il est de cuivre ou d’une autre matiere qui pese plus que l’eau en pareil

  1. Il est intéressant de retrouver cette comparaison dans le manuscrit des Pensées (fo 427) : « Nous ne nous soutenons pas dans la vertu par notre propre force, mais par le contrepoids de deux vices opposez, comme nous demeurons debout entre deux vents contraires : Ostez un de ces vices, nous tombons dans l’autre » (Sect. VI, p. 359).