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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR

l’horreur que la nature a du vuide, qui arriveroit à la place que le Piston quitte, si l’eau n’y montoit pas, parce que l’Air n’y peut entrer ; ce qui se confirme, parce que si l’on fait des fentes par où l’Air puisse entrer, l’eau ne s’élève plus.

De mesme, si on met le bout d’un soufflet dans l’eau, en l’ouvrant promptement, l’eau y monte pour le remplir, parce que l’Air n’y peut succeder, et principalement si on bouche les trous qui sont à une des aîles.

Ainsi, quand on met la bouche dans l’eau, et qu’on succe, on attire l’eau par la mesme raison ; car le poulmon est comme un soufflet, dont la bouche est comme l’ouverture.

Ainsi, en respirant, on attire l’Air, comme un soufflet en s’ouvrant attire l’Air pour remplir sa capacité.

Ainsi, quand on met des étoupes allumées dans un plat plain d’eau, et un verre par dessus, à mesure que le feu des étoupes s’éteint, l’eau monte dans le verre, parce que l’Air qui est dans le verre, et qui estoit rarefié par le feu, venant à se condanser par le froid, attire l’eau et la fait monter avec soy, en se reserrant pour remplir la place qu’il quitte ; comme le Piston d’une Seringue attire l’eau avec soy quand on le tire.

Ainsi, les ventouzes[1] attirent la chair, et forment

  1. Voir dans la Physique de Rohault, au ch. xii (Des mouvemens que l’on a coûtume d’attribuer à la crainte du vuide), le § 61 : quel est l’usage des ventouses.