Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/283

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APPENDICE


PRÉFACE[1]


Contenant les raisons qui ont porté à publier ces deux Traitez apres la mort de Monsieur Pascal, et l’histoire des diverses experiences qui y sont expliquées.


Encore que plusieurs personnes intelligentes qui ont leu ces deux Traitez en ayent fait un jugement tres avantageux et que l’on y voye un grand nombre des plus merveilleux effets de la nature expliquez, non par des Conjectures incertaines, mais par des raisons claires, sensibles et demonstratives ; on peut dire neanmoins avec verité, que le nom de Monsieur Pascal fait beaucoup plus d’honneur à ces ouvrages, que ces ouvrages n’en font au nom de Monsieur Pascal.

Ce n’est pas que ces Traitez ne soient achevez en leur genre, ny qu’il soit gueres possible d’y mieux reüssir ; mais c’est que ce genre mesme est tellement au dessous de luy, que ceux qui n’en jugeront que par ces ecrits ne se pourront former qu’une idée tres foible et tres imparfaite de la grandeur de son genie & de la qualité de son esprit.

Car encore qu’il fut autant capable qu’on le peut estre de penetrer dans les secrets de la nature et qu’il y eût des ouvertures admirables, il avoit neanmoins tellement connu depuis plus de dix ans avant sa mort la vanité et le neant de toutes ces sortes de connoissances, et il en avoit conçeu un tel dégoust qu’il avoit peine à souffrir que des personnes d’esprit s’y occupassent et en parlassent serieusement.

Il a toûjours crû depuis ce temps là qu’il n’y avoit que la

  1. Rédigée très probablement par Florin Perier, d’après la Vie que Gilberte Perier devait avoir écrite immédiatement après la mort de son frère (Vide supra, t. I, p. 43).