Aller au contenu

Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

EXTRAIT D'UNE LETTRE DE MADEMOISELLE JACQUELINE PASCAL A MADAME PERIER SA SOEUR'

��A Port-Royal du Saint-Sacrement, ce lo may 1662.

... Il n'y a qu'affliction partout, excepté moy qui suis dans la joye ; car le jour est arresté pour ma vesture qui sera, Dieu aydant, comme je Fespere, le jour de la Sainte T^inité^ J'auray pour compagnes dans cette action, ou plutostpour modelles, mademoiselle de Luzancy^, qui est mon ancienne de deux mois, et une autre bonne sœur que vous ne cognoissez pas, qui recevront aussy le saint habit. II me semble que c'est un songe de m'en voir si proche aprez tant d'oppositions. J'auray tousjours peur que ce ne soit une illusion, jusqu'à ce que toute la céré- monie soit faite. Je ne perdray point le temps à vous raconter ma joye, car vous n'en doutez. Il suffit que la persévérance dans ma resolution tesmoigne que je n'ay point esté trompée dans mon attente et que je puis dire comme David : Sicut audivimus sic vidimus in civitate Dei nostri.

Je fis porter cette nouvelle à mon frère, le jour de l'Ascension, par M. Hobier^ Il vint le lendemain fort

��1. Jacqueline Pascal prit l'habit le 26 mai i652.

2. Mademoiselle de Luzancy était une des filles d'Arnauld d'An- dilly ; elle avait été élevée à Port-Royal, dont elle était sortie en 16^7 ; mais elle y était rentrée, « touchée de Dieu » en octobre i65i. Sa véture eut lieu le i3 décembre i652 : sa profession le 21 novem- bre i65/i ; elle prit en religion le nom de sœur Marie-Angélique de Sainte-Thérèse.

3. Même divergence entre les manuscrits que plus haut, p. 9.

�� �