TROISIÈME PROVINCIALE 223
espece. Ce ne sont pas les sentimens de M. Arnauld qui sont heretiques ; ce n’est que sa personne 1 . C’est une heresie personnelle. Il n’est pas heretique pour ce qu’il a dit ou escrit ; mais seulement pource qu’il est M. Arnauld. C’est tout ce qu’on trouve à redire en luy. Quoi qu’il fasse, s’il ne cesse d’estre, il ne sera jamais bon catholique. La grace de S. Augustin ne sera jamais la véritable tant qu’il la deffendra. Elle le deviendroit s’il venoit à la combattre. Ce seroit un coup sûr, et presque le seul moyen de l’establir et de destruire le Molinisme ; Tant il porte de malheur aux opinions qu’il embrasse.
Laissons donc là leurs differens. Ce sont des disputes de Theologiens et non pas de Theologie. Nous qui ne sommes point Docteurs, n’avons que faire à leurs démeslez. Aprenez des nouvelles de la Censure à tous nos amis ; et aymez moy autant que je suis 2 ,
Monsieur,
Vostre tres-humble, et tres-obeïssant serviteur,
E. A. A. B. P. A. F. D. E. P ³.
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1. Cf. cette note prise en vue des Provinciales (Pensées, fr. 925, T. III, p. 355) : « Vous persecutez donc M. Arnauld sans remords. » Racine, dans son Abrégé de l’Histoire de Port-Royal (édition P . Mesnard, T. IV, p. 447), a développé cette idée : « Mais il parut bien, par le soin que les Jesuites prirent de perpetuer la querelle, et de troubler toute l’Eglise pour une question aussi frivole que celle-là, que c’estoit en effet aux personnes qu’ils en vouloient, et que leur vengeance ne seroit jamais satisfaite qu’ils n’eussent perdu M. Arnauld, et detruit une si sainte maison.... »
2. W. Vale; B. [etc.], la formule et la signature sont supprimées.
3. Cf. les explications données de cette souscription, supra p. 194.
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