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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/36

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XVIII INTRODUCTION

l’admiration, lorsque Pascal lui explique comment l’expérience tirée de la méditation d’Épictète et de Montaigne, approfondie et vivifiée par la fréquentation de ceux qui ont essayé de tirer de l’un ou de l’autre un livre de sagesse et une règle de conduite, ouvre la voie à la synthèse des contradictoires, afin de faire éclater aux yeux de la raison la vérité du christianisme, qui est pourtant supérieure à la raison.

Devant Port-Royal, le génie de Pascal est comme une force étrangère qu’il importe de surveiller, qu’il y aura lieu peut-être de dompter à nouveau, jusqu’au jour où les événements viennent donner l’occasion d’employer cette force au service de la vérité chrétienne et de la liberté religieuse. Arnauld va être chassé de la Sorbonne ; Port-Royal demande à Pascal de prendre pour arbitre de la querelle ce même honnête homme qui l’avait naguère séduit et retenu par la justesse et la finesse de son esprit. Le grief d’hérésie que l’on avait soulevé contre Arnauld et que l’on avait essayé d’appuyer du poids des sanctions officielles, dissimulait une querelle de moines. Or, pour établir ce point aux yeux du monde, il fallait percer le mystère des termes scolastiques, revenir des mots aux choses, suivant la double règle du bon sens et de la probité. Il fallait faire voir en même temps que plus était fragile le prétexte de cette persécution à laquelle la Sorbonne et l’autorité royale semblaient s’associer, plus les conséquences en étaient terribles : la vie spirituelle était menacée en France par des procédés d’autorité imités de l’Inquisition, et en même temps que la vie spirituelle, la vie morale.

Le succès de sa première Lettre engagea Pascal à étendre la thèse initiale, à rendre sa démonstration de plus en plus minutieuse, de plus en plus rigoureuse. Il va vivre toute l’année 1656 dans la fièvre de la bataille, con-