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LXXII INTRODUCTION

la polémique de l’hiver 1661-1662, on ne voit pas qu’il y ait été fait allusion à une variation d’attitude. Les deux partis continuent à écarter soit le refus de signature, soit l’acceptation pure et simple du Formulaire ; ils ne se soucient que de trouver une expression équivalente à l’explication insérée dans le premier mandement devenu caduc, et qui soit adaptée aux circonstances nouvelles créées par la révocation de ce mandement.

Pour Arnauld et Nicole, le débat ne porte que sur une nuance de style. « En disant qu’on ne souscrit qu’à la foy, on exclud aussi formellement tous les faits que si on disoit qu’on ne souscrit point aux faits 1 . »

Mais, tout en se plaignant qu’on persiste à prolonger une dispute de mots, ils font voir qu’en raison précisément des circonstances la nuance est loin d’être négligeable. Ils rappellent à Pascal la thèse qu’il avait faite sienne dans ses dernières Provinciales : la foi étant sauve, la doctrine de la grâce efficace sortant intacte des débats poursuivis en cour de Rome, l’attribution des propositions de Jansénius devient comme une affaire privée qui ne touche plus aux intérêts vitaux de la religion. En accroître la gravité par la mention explicite de la distinction entre le fait et le droit, c’était désavouer brutalement et scandaliser les amis de Port-Royal qui avaient, en trop grand nombre, apporté déjà leur signature au Formulaire, affaiblir par cette division les serviteurs de la vérité ; c’était d’autre part fortifier la thèse des adversaires qui interprétaient ces signatures comme reconnaissance et condamnation de ce qu’ils appelaient l’hérésie janséniste.

Si modeste et si timide que pût paraître aux yeux de leurs contradicteurs la restriction qu’ils proposaient

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1. Vide infra T. X, p. 212.