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INTRODUCTION LXXIII

d’adjoindre au Formulaire, Arnauld et Nicole ne se faisaient pas d’illusion sur le mauvais accueil qu’elle recevrait des autorités ecclésiastiques. Mais leurs craintes, que l’avenir justifia, étaient une raison nouvelle pour ne pas se découvrir davantage par une manœuvre qui obligerait les vaincus, comme il était arrivé tant de fois au cours de cette lutte, à se retirer sur un terrain toujours plus étroit et plus dangereux : « Toutes les restrictions devant estre apparemment condamnées, celles qui engagent la vérité davantage sont les plus mauvaises, et celles qui l’engagent moins sont les meilleures 1 . »

A quoi Pascal pouvait répondre qu’il lui est devenu impossible de fermer les yeux aux événements écoulés depuis qu’il écrivait les dernières Provinciales. Toutes les équivoques qui pouvaient entourer le texte des bulles, toutes les réserves qui pouvaient accompagner la signature du Formulaire, ont été levées une à une : le fait a été en quelque sorte introduit dans le droit ; de telle sorte qu’accepter le droit sans insérer dans la formule de cette acceptation une réserve explicite quant au fait, c’est causer dans l’Eglise catholique un scandale plus grand que celui que l’on cherche à éviter. Arnauld et Nicole considèrent qu’il faut avant tout éviter de scandaliser les faibles, ceux qui s’étaient départis de la première résistance et avaient donné à leurs amis le spectacle affligeant de la « chute » ; aux yeux de Pascal, il est encore pire de scandaliser les forts, ceux qui par leur exactitude et leur fermeté ont manifesté leur attachement à la vérité. C’est ici que le souvenir de Jacqueline put agir sur l’âme de son frère. Pascal ne revient pas sur les concessions qu’il a crues, qu’il croit encore, nécessaires et légitimes ; mais il marque à

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1. Vide infra T. X, p. 219.