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LETTRE DE HUYGENS A PASCAL[1]
A Monsieur Pascal Sieur d’Ettonville, le 5. Febvrier 1659[2].

Monsieur,

Le gentilhomme incognu[3] ne vous peut avoir fait entendre que la moindre partie de l’estime que j’ay pour vous ; et, si vous n’en croyez pas beaucoup davantage, vous ne sçaurez[4] non plus combien j’ay eude joye en recevant celle que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire. Ne la pouvant exprimer dignement, je vous diray seulement que je me croy bien plus heureux qu’auparavant je n’estois, apres avoir receu les offres de vostre amitié, et que je repute cette acquisition pour la plus insigne quej’aye à faire jamais. Je suis si loin de croire de l’avoir meritée par [5]le peu d’accueil que j’ay fait à cet excellent homme qu’au contraire je sçay bien qu’il fault que j’en demande pardon, ne l’ayant pas receu ny selon sa condition, ny mesme selon que meritoyent celles de ses qualitez qu’il n’a pu me celer. Je le prieray de ne s’en souvenir point, et vous. Monsieur, de croire

  1. Une copie de cette lettre se trouve dans le premier recueil Guerrier p. CXXI. Nous signalerons en note les principales variantes de cette copie.
  2. Cette adresse a été ajoutée sur la minute.
  3. Vide supra p. 160.
  4. Copie du recueil Guerrier : [sçavez].
  5. Copie du recueil Guerrier : [l’accueil].