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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/233

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LETTRE DE MERE A PASCAL 2i3

pelons enfin plusieurs des pages importantes du manuscrit pos thume : la différence entre Vesprit de géométrie et l'esprit de finesse (ihid., fr. i, p. 9), le début de 1' « Argument du Pari » (Pensées, fr. 233, T. II, p. i4i j, quelques notes destinées à la « conférencedePort-Royal»(i6iV/.,fr. 43o,p. 334) où reviennent les mêmes allusions aux paradoxes de l'infini mathématique.

Dans tous ces écrits, qui étaient connexes en l'esprit de Pascal, un même homme, une même forme de pensée est visée : exactement l'homme qu'était Meré, exactement la forme de pensée qui est décrite avec complaisance dans la lettre adressée à Pascal. Meré se croit en état de trancher les pro- blèmes de la science par une vue immédiate, au nom du senti- ment naturel ; il sait plaisanter avec agrément, mais il est dupe de sa propre finesse ; il lui manque l'attention suffisante à fixer devant soi l'objet de la géométrie, l'cc imagination » ca- pable d'en « comprendre les hypothèses » .

Qu'on ne s'étonne pas d'ailleurs que Pascal se soit fait une idée si haute d'un homme en qui, aujourd'hui, nous serions disposés à trouver plus de suffisance et de vaine prétention que de profondeur véritable ' . Il n'est pas impossible que Meré, dans la conversation, ait été supérieur à l'image qu'il nous donne de lui dans ses écrits, dont aussi bien plusieurs furent rédigés sur le tard (Meré était né en 1607, Boudhors, o/j. cit., p. 12, note 2). Et surtout il appartenait au génie de Pas- cal d'ajouter de sa propre profondeur à l'objet qu'il contem- plait. Par derrière le Chevalier qui s'appliquait si laborieu- sement à l'art de la vivacité naturelle et de ïhonnêteté, il aperçoit comme une application vivante du système qu'il avait trouvé dans les Essais de Montaigne. De même par delà les railleries de Meré sur l'infini, vieilles déjà de plusieurs années^, Pascal retrouvait les violentes attaques de Guldin ^ contre Ga-

��1. Sur l'influence de Meré, voir supra T. III, p. iio et note 3; T. IV, p. 229 et suiv.

2. Vide supra T. III, p. 388 et note i.

3. Centrobaryca, Deuxième partie, Vienne, 1642, pp. 34o-342.

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