des choses si rares que les plus sçavans des anciens n’en ont jamais rien dit, et desquelles les meilleurs Mathématiciens de l'Europe ont esté surpris ; Vous avez écrit sur mes inventions^ aussi-bien que Monsieur Huguens, Monsieur de 2[Fermat] et tant d’autres qui les ont admirées. Vous devez juger par-là que je ne conseille à personne de mépriser cette Science, et pour dire le vray elle peut servir pourveu qu’on ne s’y attache pas trop ; car d’ordinaire ce qu’on y cherche si curieusement me paroist inutile; et le temps qu’on y donne pourroist estre bien mieux employé. Il me semble aussi, que les raisons qu’on trouve en cette Science pour peu qu’elles soient obscures, ou contre le sentiment, doivent rendre les conséquences qu’on en tire fort suspectes ; sur tout comme j’ay dit quand il s’y mesle de l’infini.
Une de nos Reines se plaisoit à faire disputer sur de pareils sujets oii jamais on ne s’accordoit, comme si l’oi- seau efetoit plus ancien que l’œuf, ou l’œuf que l’oiseau, et ses Mémoires^ témoignent bien qu’elle estoit savante, et qu’elle avoit de l’esprit; mais, supposé que l’oiseau ne puisse venir sans l’œuf, ni l’œuf sans l’oiseau, comment peut-on décider lequel des deux est le premier ?
Les points et les momens sont imperceptibles, qui que ce soit n’en a l’idée bien distincte, et ne les voit bien clairement ; néanmoins on ne laisse pas de les vouloir ra- porter les uns aux autres dans une extrême justesse, et d’en discourir bien ponctuellement. Nous ne comprenons les points et les momens que de cela seul qu’ils ne sont
1. Vide supra T. III, p. 877 et suiv.
2. L’imprimé porte: Fermac.
3. Peut-être s’agit-il des Mémoires de ]Marguerite do Valois, reine de France et de Navarre, qui avaient été publiés en 1628 par Auger de Mauléon, seigneur de Grenier.