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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/240

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220 OEUVRES

mais encore tous ceux qu'Epicure a songez. Pouvez-vous comprendre dans un si petit espace la différence des gran- deurs, celle des mouvemens et des distances? de com- bien le Soleil est plus grand que ce petit animal qui luit quelquefois dans la nuit, et de combien la vive clarté de ce grand Astre surmonte cette foible lueur ? Pouvez-vous concevoir en ce petit espace de combien le Soleil va plus vite que Saturne, ou si le Soleil est immobile comme quelques-uns en sont persuadez. Pourriez vous supputer ni vous ni Archimede en un lieu si serré, de combien le mouvement du boulet qui sort du canon surpasse Falleure d'une tortue? Trouverez-vous dans un coin si étroit les justes proportions des éloignemens, de combien les Estoiles sont au-dessus de la terre au prix de la Lune ? Mais sans aller si loin, vous pouvez-vous figurer dans ce petit monde de vostre façon la surface de la terre et de la mer, tant de profonds abysmes dans l'une et dans l'autre, tant de montagnes, tant de vallons, tant de fon- taines, de ruisseaux et de fleuves, tant de Campagnes cultivées, tant de moissons qui se recueillent, tant de forests dont les unes sont debout, et les autres coupées, tant de villes, tant d'Ouvriers dont les uns bastissent, les autres démolissent : et quelques-uns font des lunetes d'aprocbe qui ne laissent pas de servir parmi ces petits hommes, parce que leurs yeux, et tous leurs sens sont proportionnez à ce petit Monde? Quoi donc tous ces voyages de long cours, ces grands et ces petits vaisseaux qui font le tour du Monde, et dont les uns sont si bons voiliers qu'ils ne craignent point les Corsaires ; ce grand nombre de combats sur la terre et sur la mer ; la bataille d'Arbelles, où le Roy de Perse fut vaincu au milieu de deux cent mille chevaux et de huit cent mille hommes de pied, sans compter tant de chariots armez. Considérez

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