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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/260

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DE L’ESPRIT GEOMETRIQUE1


PREMIER FRAGMENT


I. On peut avoir trois principaux objets dans l’estude de la verité : l’un, de la descouvrir quand on la cherche ; l’autre, de la desmontrer quand on la possede ; le dernier, de la discerner d’avec le faux quand on l’examine.

Je ne parle point du premier : je traite particulierement du second, et il enferme le troisieme. Car, si l’on sçait la methode de prouver la verité, on aura en même temps celle de la discerner, puisqu’en examinant si la preuve qu’on en donne est conforme aux regles qu’on connoist, on sçaura si elle est exactement demonstrée.

La geometrie, qui excelle en ces trois genres, a expliqué l’art de descouvrir les veritez inconnuës ; et

1. Nous reproduisons cette note de Faugère, qui a eu entre les mains la copie du manuscrit: « Il y a au commencement du MS. la note suivante : Il faut passer ce qui est entre les deux [ ]. Les passages ainsi indiqués étaient peut-être barrés dans le MS. original de Pascal. Mais il est plus probable que ces suppressions avaient été indiquées par une main étrangère, par dom Touttée, par exemple, qui avait été consulté par l’abbé Perier sur la publication de ce fragment et « avait écrit à la marge, comme il le dit, quelques observations » (Vide supra p. 281, n. 3). Nous avons signalé ces passages entre crochets ; mais nous n’avons pas cru devoir nous astreindre à respecter la division des alinéas qui, dans la copie manuscrite, brise à chaque instant et de façon arbitraire la pensée de Pascal.