Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE L'ESPRIT GÉOMÉTRIQUE 2ol

tre langue nomment par ce terme ; l'autre sera le mouvement d'une chose créée, car on l'appellera aussy de ce nom suivant cette nouvelle définition. Il faudra donc éviter les équivoques, et ne pas con- fondre les conséquences. Car il ne s'en suivra pas de là que la chose qu'on entend naturellement par le mot de temps soit en effet le mouvement d'une chose créée. Il a esté libre de nommer ces deux cho- ses de mesme ; mais il ne le sera pas de les faire convenir de nature aussy bien que de nom '.

Ainsy, si l'on avance ce discours : Le temps est le mouvement d'ane chose créée ; il faut demander ce qu'on entend par ce mot de temps, c'est-à-dire si on luy laisse le sens ordinaire et receu de tous, ou si on l'en dépouille pour luy donner en cette occasion celuy de mouvement d^une chose créée. Que si on le destitue de tout autre sens, on ne peut contredire, et ce sera une définition libre, en suittede laquelle, comme j'ay dit, il y aura deux choses qui auront ce mesme nom. Mais si on luy laisse son sens or- dinaire, et qu'on prétende neantmoins que ce qu'on entend par ce mot soit le mouvement d'une chose créée, on peut contredire. Ce n'est plus une défini- tion libre, c'est une proposition, qu'il faut prouver si ce n'est qu'elle soit très évidente d'elle mesme ; et

��I. Vide supra T. II la Lettre de Pascal à M. le Pailleur, particulière- ment p. tqA- Pascal y discute longuement l'équivoque que le Père Noël a introduite dans la conception du corps, en se référant à deux défini- tions différentes, désignant « deux sortes de choses entièrement diffé- rentes... : il n'est pas en son pouvoir de les faire convenir de nature aussy bien que de nom. »

�� �