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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/272

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252 ŒUVRES

alors ce sera un principe et un axiome, mais jamais une définition, parce que dans cette enonciation on n'entend pas que le mot de temps signifie la mesme chose que ceulx-cy : le mouvement d'une chose créée ; mais on entend que ce que l'on conceoit par le terme de temps soit ce mouvement supposé.

Si je nesçavois combien il est nécessaire d'enten- dre cecy parfaitement, et combien il arrive à toute heure, dans les discours familiers et dans les dis- cours de science, des occasions pareilles à celle cy quej'ay donnée en exemple, je ne m'y serois pas arresté. Mais il me semble, par l'expérience que j'ay de la confusion des disputes, qu'on ne peut trop en- trer dans cet esprit de netteté, pour lequel je fais tout ce traité, plus que pour le sujet que j'y traitte.

Car combien y a-t-il de personnes qui croyent avoir definy le temps quand ils ont dit que c'est la mesure du mouvement, enluy laissant cependant son sens ordinaire ! Et neantmoins ils ont fait une propo- sition, et non pas une définition. Combien y en a-t-il de mesme qui croyent avoir definy le mouvement quand ils ont dit : Motus nec simpliciter actus nec mera potentia est, sed actus entis in potentia\ Et ce-

I . La formule scolastique citée par Pascal résume très exactement la discussion donnée par Aristote, au chapitre ii du livre III de la Physique. La difficulté de définir le mouvement tient à ce qu'il ne peut se rapporter simplement ni à l'être en puissance ni à l'être en acte : il est l'actuation du mobile en tant que mobile : Toj oï ôozsiv MO'.tSTO^ slva-. xrjv xt'vriaiv al't'.ov on oute elç, 0'jva|j.iv xwv ovTwv outî sU evs'pYc'.av ïazi Bilvai auTrjv cctcXô;.., oto t) -/ivriat; âvisÀsysta to'j xtvr,-:ou, ri xtvrjTo'v. — Cette définition est pour Descartes le type de la définition obscure appliquée à une chose qui d'elle-même est très claire. Voir le

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